J’étais en train de tirer des photos dans mon labo dans le sud de la France quand j’ai entendu la nouvelle du massacre à la radio. Il se trouve que j’allais partir pour Porquerolles pour célébrer mon anniversaire, le 10 janvier. Le 11 était le jour des marches. La plus proche était celle d’Aix en Provence et c’est là où je suis allé. Il faisait froid mais beau ce jour-là à Aix et, dès 14 heures, une foule considérable se masse devant la mairie. Beaucoup de familles, beaucoup d’enfants. Ce fut une marche en silence, à l’exception de salves d’applaudissements.
Que dire d’autre ? Je n’étais pas un lecteur régulier de Charlie Hebdo, j’ai plutôt lu Hara Kiri, l’ancêtre de Charlie, dans ma jeunesse. Mais la question n’était pas de savoir qui le lisait ou qui ne le lisait pas. C’est en tant que photographe que j’ai participé à la marche : je ne dessine pas le monde mais je le photographie. Personne ne me dit ce que je dois photographier ni comment, car j’ai le privilège d’habiter dans un pays qui protège la liberté d’expression. Mais, comme l’ont montré les tragiques événements de janvier 2015, ce droit qui nous semble si naturel peut être menacé à tout moment. Le monde est soudain devenu plus dangereux, plus incertain avec ces assassinats au cœur de Paris.
Mais il y a eu dans ce pays un incroyable mouvement de fraternité et de solidarité et des témoignages innombrables de soutien à travers de nombreuses formes : articles, dessins, photographies, poèmes, chansons. Quatre millions de personnes sont descendues dans la rue dimanche. J’étais l’une d’entre elles. Avec un appareil à la main.
François,
Je regarde à nouveau tes photos du 11 janvier. Nous revivons ces instants. Ne pas oublier le regard des enfants, le nôtre et le tien !…. Merci !!! Quand revenez-vous à Paris ?? » ??? Ch et B
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